Courant août, j’ai eu la chance de participer à un stage de modelage animalier pendant une semaine à l’Atelier des Arts Céramiques de Tours. Il s’agissait d’un atelier encadré par une formatrice professionnelle destiné à nous apprendre les techniques de modelage, du choix de la terre jusqu’à la cuisson de l’objet modelé.

J’avais déjà eu l’occasion de modeler 3 pièces en argile, à ma façon et avec quelques techniques improvisées dans mon salon. C’était à présent l’occasion de réellement découvrir l’activité et me perfectionner.

Le premier jour, j’ai dû choisir un ou deux animaux que je souhaitais modeler. J’ai opté pour un manchot (pour sa forme arrondie et harmonieuse) et un suricate (pour son air curieux et son élégante allure). Deux gros challenges que je m’apprêtais à relever en cinq jours de travail.

Pour commencer, il s’agit de rechercher des images d’animaux dans des livres ou sur Internet afin de visualiser leurs proportions et pouvoir définir les cotes, c’est-à-dire les dimensions qu’on va leur donner. L’idéal est de dessiner un croquis récapitulant les principales formes et mesures afin de s’y référer régulièrement pendant la création.

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En fonction de la taille désirée de l’objet, on découpe un morceau de terre adapté pour le travail de modelage. Le choix de la terre dépend de l’aspect final qu’on veut donner à l’animal, sachant que le travail sera différent d’une terre à l’autre. J’ai choisi du grès blanc chamotté (c’est-à-dire avec des petits grains facilitant l’évacuation des bulles d’air, une meilleure tenue et un séchage optimal) pour le manchot afin de facilement pouvoir lui donner un aspect lisse. Et du grès de Treigny chamotté pour le suricate afin de rester sur une couleur naturelle.

–> On commence tout d’abord par façonner grossièrement l’animal pour définir les grandes proportions et retirer la terre inutile à l’aide d’un couteau ou d’un grattoir. Si on prévoit un gros volume et qu’on est à l’aise avec le tournage, on peut préparer sa terre de base sur le plateau tournant pour obtenir une matière plus solide et régulière.

Puis on peaufine l’objet en enlevant de la matière et en en ajoutant par des colombins (un long morceau de terre en forme de boudin qu’on applique progressivement sur la structure existante en appuyant pour chasser l’air) si nécessaire afin de dessiner les formes. Pour le suricate, à cause de sa posture élancée, j’ai dû volontairement laisser beaucoup de terre sur les pattes inférieures afin qu’il puisse tenir debout, et travailler d’abord le haut du corps pour finir par les pattes et ajouter la queue.

Une fois le manchot modelé, inutile de trop le lisser car il a fallu l’ouvrir en deux pour en extraire la terre à l’intérieur afin de réduire le poids du grès qui pèse très lourd. L’idée est de scinder l’objet en deux avec un fil à couper, non pas de manière droite en son travers mais en respectant certaines courbes du corps de façon à limiter la visibilité une fois les deux parties réunies. On creuse l’intérieur avec une mirette, en prenant soin de laisser au moins 1 cm sur les rebords. Pour la base de l’objet, on peut choisir soit de l’ouvrir complètement, soit de la laisser fermée mais en y faisant un petit trou afin que l’air s’échappe pendant la cuisson (sinon l’objet éclate).

Puis pour recoller les deux parties de l’objet, on utilise ce qu’on appelle de la barbotine, un mélange de la même terre avec du vinaigre et de l’eau. Cette technique est toujours utilisée afin de souder ensemble efficacement deux morceaux de terre. A l’aide des dents d’une fourchette, on crée des stries sur lesquelles on applique généreusement la mixture. On encastre les deux parties correctement en appuyant délicatement sur les bords pour bien les faire adhérer. Et on laisse sécher à l’air libre.

Une fois la barbotine sèche, j’en ai profité pour arrondir les bords de la base de l’objet avec l’intérieur d’une cuillère en bois que je tapais délicatement dessus pour aplanir la surface et lui donner un aspect légèrement arrondi. Ensuite, on étale le surplus de barbotine avec un grattoir puis avec le bord d’anciennes cartes de cabines téléphoniques, très efficaces pour polir les surfaces.

Avec la même technique de barbotine, on ajoute ensuite la queue et les ailes. J’ai consciemment choisi de donner à l’animal un aspect plutôt sobre et design, en n’y ajoutant ni yeux ni de pattes. Une fois les nouveaux éléments secs, j’ai fini de polir la surface à l’aide d’ébauchoirs (mini spatules en bois), d’estèques en silicone ou plastique, et de palettes fréquemment utilisées en céramique. Une étape finale longue et minutieuse qui demande patience et persévérance si on souhaite un résultat optimal.

Pour mon suricate, j’ai du retravailler plusieurs fois les proportions des membres du corps, difficiles à respecter. Faire ressortir le volume de ses pattes supérieures, rétrécir son museau trop long (pour cela on applique un linge mouillé entouré de plastique, qu’on laisse poser au moins 1h afin de ramollir légèrement la terre et ainsi faciliter le remodelage), accentuer l’inclinaison de sa cambrure, creuser son ventre et ses cuisses. Puis tailler ses pattes inférieures minutieusement car il s’agit de la zone stratégique définissant sa posture et son allure. Un bout de terre lui avait servi de piédestal jusque là pour le maintenir debout. A présent, il allait pouvoir tenir debout sur ses pattes. Mais c’était sans compter sur la queue qui dans la réalité aide le suricate à se maintenir droit, mais complique la donne dans un modelage car il est compliqué de faire reposer tout son poids sur un aussi fin bout de terre…

Une fois la partie création entièrement terminée, on choisit d’appliquer ou non de l’engobe (peinture de la terre) afin de colorer la pièce. Le suricate va rester naturel car à la cuisson à froid, sa couleur deviendra couleur pain d’épice. Quant au manchot, j’ai appliqué au pinceau une mixture de grès + céramique blanche qui lui donnera un aspect blanchi, afin de rappeler ses origines polaires et facilement se fondre dans mon intérieur. Pour le moment, mes œuvres attendent d’être cuites dans l’immense four de l’atelier avec les autres créations des élèves de la nouvelle rentrée. En attendant de récupérer mes animaux d’ici quelques semaines, voici le résultat final :

Grâce à ce stage, je me suis rendue compte que le modelage est tout un art. Il requiert l’apprentissage de la matière d’abord, de différentes techniques ensuite, et l’utilisation des bons outils aux bonnes étapes. Cette activité est accessible à tous pour peu qu’on apprécie travailler la matière avec ses mains. Qu’il est agréable de manipuler la terre et la façonner pour donner vie à un personnage ! De jouer sur les volumes et apporter des détails qui rendent notre création unique, à notre image et selon notre inspiration du moment. Exercer chez soi l’activité du modelage est cependant périlleux car il faut être bien équipé en outils, mais aussi et surtout savoir comment finaliser ses objets avec le bon engobe et pouvoir leur apporter une cuisson adaptée selon l’aspect souhaité. Clairement, l’idéal est d’exercer dans un atelier dans lequel on peut facilement emprunter le matériel fourni et bénéficier des conseils de professionnels. Alors, ça vous tente ?

Lectures conseillées par ma formatrice :

2 commentaires sur « Stage de modelage animalier »

  1. Bonsoir,
    je m’appelle aussi Nathalie mais je crée dans un autre domaine sculpture dans la cire pour maquette de bijou.
    J’ai arrêté mon activité de boutique atelier en juin 2019 juste avant la pandémie…
    Après un déménagement dans 1 autre région, je compte faire 1 expo en 2023 ou 2024 . Je me suis inscrite à des cours de modelage à Ussel.
    J’ai fait un koala, un ours polaire et des bas relief….
    J’aime bien votre pingouin et je m’empresse de voir votre valise…
    Créativement
    Nathalie Ansermet

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